LISBONNE

Journal de voyage

 

Jeudi 26 octobre 2006

C’est la pluie qui nous accueille à Lisbonne : une petite pluie fine tombant d’un ciel tout gris. Le taxi, après nous avoir extorqué dix-neuf euros pour une course qui en vaut habituellement six ou sept, nous dépose devant l’hôtel Lutécia, un établissement de qualité situé près de la station de métro Roma. Nous allons y retrouver les parents de Yarín avec lesquels nous passerons ces quelques jours dans la capitale du Portugal.

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C’est la première fois que je mets les pieds dans ce pays. La chambre est spacieuse, au dixième étage et pourvue d’un balcon, ce qui nous permet de profiter d’une jolie vue sur la ville. Une fois les affaires rangées, nous sortons, histoire de découvrir la ville fondée par les Phéniciens vers l’an 800 avant JC. Nous prenons le métro jusqu’à la station Baixa-Chiado afin d’explorer les deux quartiers éponymes. Près de la station, nous marchons jusqu’à la rua Augusta, laquelle nous conduit directement à la Place du Commerce. Cette gigantesque place est accessible après le passage d’un Arc de Triomphe.

Nous admirons un vieux tramway et ces façades d’immeubles colorées, parfois ornées de petits carreaux de faïence, le plus souvent bleus : les azulejos. Nous poursuivons notre exploration du quartier Baixa par la rua de Ouro pour aller déjeuner dans une pastelaria où je dévorerai un bistéco à l’ananas accompagné d’un jus de fruit frais, le tout pour un prix défiant toue concurrence. Ici les repas débutent toujours par du pain, du fromage et du beurre et les plats servis comporte deux morceaux de viandes et un assortiment d’accompagnement (frites, riz, épinards, salade).

Après le déjeuner, nous nous rendons dans le quartier tout proche du Chiado, du nom donné au moine-poète Antonio Ribeiro signifiant « le malicieux ». Nous prenons la rua Garrett, célèbre pour sa statue de Fernando Pessoa, le plus fameux poète portugais. Lisbonne est construite sur sept collines et je m’en rends vraiment compte en marchant dans les rues animées du Chiado. Les églises ne manquent pas dans la ville et nous en visitons quelques unes : église des Martyrs, église de l’Incarnation, église de Saint Roch. Redescendant vers Baixa, nous nous arrêtons à la librairie Bertrand (rua Garrett), ouverte depuis 1732. Entre les averses, brèves et intenses, nous admirons la ville qui malgré quelques épreuves (tremblement de terre, incendie), a su conserver et/ou reconstruire le charme d’une époque passée où le Portugal dominait le monde.
Le soir nous dînons dans un restaurant proche de l’hôtel o matos : les viandes y sont succulentes et mon dessert, un semi frio de balocha, délicieux. Le prix ne sera pas le même que pour le déjeuner
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Vendredi 27 octobre 2006

Le petit déjeuner est somptueux et le choix au-delà du multiple, c’est bien simple il y a tout : jus de fruits, gâteaux (au chocolat, aux noix), fruits frais, différentes sortes de pain, croissants, beignets, confitures, beurre, jambon, fromage, œufs, bacon, saucisses, etc.

Aujourd’hui, nous allons à Sintra, à quarante minutes de train de Lisbonne. Sintra est la ville des rois du Portugal, on y trouve plusieurs maisons et palais royaux. Il fait un temps superbe, le ciel est tout bleu et on se balade en chemise, un 27 octobre, c’est très agréable. Les touristes sont là aussi, comme nous : allemands, français, espagnols, chinois, japonais, etc. J’entends toutes les langues. Le premier palais que nous visitons est le palais national. On y découvre les chambres et autres pièces à vivre des princes et rois. L’inspiration mauresque est évidente. Il est toujours intéressant de voir comment l’on vivait il y a quelques siècles.

Après le déjeuner, nous prenons un bus pour aller sur les hauteurs de la ville. La route grimpe énormément et le chauffeur fonce, y compris dans les virages, aussi serrés que des sardines dans leur boîte. Les passagers sont secoués mais probablement heureux d’avoir renoncé à la marche à pieds pour un trajet aussi long et raide à monter. Nous descendons du bus à la hauteur du château des Maures, fortification construite au XIème siècle, à l’époque où le Portugal et l’Espagne étaient dominés par une autre civilisation que la leur. Les ruines qui demeurent sont suffisamment bien conservées pour voir à quoi ressemblait le château à l’époque de sa construction. Après le château des Maures nous reprenons le bus pour aller plus haut encore : le palais de la Pena, un château très haut perché, demeure des rois du Portugal à partir du XIXème siècle. Le mobilier d’époque est encore visible : lits, fauteuils, baignoires, etc. Là encore, c’est un voyage vers le passé que nous effectuons. Sintra est une ville chargée d’histoire, classée par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’Humanité. Nous n’avons évidemment pas pu tout voir en une seule journée mais cela valait la peine de venir y faire un tour.

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Sintra

Le soir, après un dîner dans un restaurant chinois dont je tairai le nom par charité, nous prenons un taxi pour aller au café Luso, un endroit mythique pour le fado. Le fado est une musique portugaise parlant des malheurs de l’humanité et popularisée dans le monde entier par Amália Rodrigues, laquelle s’est d’ailleurs produite au café Luso. Ce bar-restaurannt situé dans un quartier animé de la ville propose du fado tous les soirs.

Installés près de l’entrée en attendant d’avoir une table devant la scène, j’assiste à une autre scène, très drôle celle-là : alors qu’une des chanteuses de fado termine de signer des autographes, un américain tenant un billet de dix euros s’approche d’elle. Elle relève la tête et lui sourit, pensant sans doute qu’il veut lui acheter un cd. Il lui demande alors si elle n’aurait pas deux billets de cinq à lui échanger, comme si elle tenait la caisse de l’établissement… Le fado n’étant pas ma spécialité, je ne saurai parler de la qualité de ce que j’entendis mais je peux dire qu’avec un verre de vin vert (vinho verde), je passai une bonne soirée, au café Luso.

 

Samedi 28 octobre 2006

Levés un peu plus tard à cause de la soirée de la veille qui nous a fait nous coucher à deux heures du matin, nous quittons l’hôtel pour prendre un taxi qui nous dépose au pied du château de Saint-Georges (Jorge). Celui-ci est situé dans le quartier d’Alfama, le plus ancien de la ville. Depuis la cour du château on a une vue à couper le souffle sur Lisbonne, le Tage et le Christ-Roi. C’est le château du premier roi du Portugal : Afonso Henrique. Il reste assez de murs pour voir à quoi il devait ressembler à l’origine. Nous quittons le château pour une promenade dans les rues du quartier d’Alfama : ça descend dans ces petites artères serpentantes, un Lisbonne de carte postale.

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Après le déjeuner et un tour au mirador de Santa Lucia, nous passons par le musée du fado où sur le mur contenant les photos des plus illustres guitaristes, nous retrouvons celle du joueur de guitare portugaise qui accompagnait les artistes la veille au café Luso, il s’appelle Edgar Nogueira et apparemment il est très connu.

Après le musée du fado, nous rejoignons le Tage que nous longeons jusqu’à la Place du Commerce, puis nous prenons la rua Augusta, longue rue piétonne très commerçante, qui nous conduit jusqu’à la Place Pedro IV. De là, nous poursuivons notre périple jusqu’à l’estacão do Rossio (la gare de Rossio) puis la Place des Restaurateurs. Après une halte reposante de quelques minutes, nous retournons à Rossio où, juste à côté, nous allons déguster une ginginha, sorte d’alcool de cerise très sucré. L’estaminet s’appelle a ginginha et il est aussi vieux que fameux. Après ces longues heures de marche, nous regagnons notre hôtel d’où nous ne ressortirons que pour dîner. Près de Rossio.

 

Dimanche 29 octobre 2006

Aujourd’hui, au Portugal comme en France, on passe à l’heure d’hiver. C’est donc une journée de vingt-cinq heures qui s’offre à nous. Le taxi nous dépose près de la tour de Bélem, forteresse construite entre 1515 et 1521 afin de surveiller l’entrée de la ville. Le bâtiment, qui domine le Tage, servit de prison à l’époque où les Espagnols avaient la mainmise sur le Portugal. Quittant la tour, nous marchons dans le quartier de Bélem, passant par le port de Lisbonne puis devant l’impressionnant car gigantesque, centre culturel de Bélem. Nous poursuivons notre chemin vers le Monument aux Découvertes, construit en forme de proue de bateau et qui se trouve juste en face du monastère des Hiéronymites.

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Ce monastère, considéré par certains comme le plus bel édifice de Lisbonne, fut construit dans la première moitié du XVIème siècle sur le lieu d’une église consacrée aux voyageurs devant l’autel de laquelle Vasco de Gama aurait prié juste avant sa célèbre traversée qui le conduisit aux Indes. Le fameux navigateur portugais y a d’ailleurs son tombeau. Le cloître du monastère est d’une impressionnante majesté.

A la sortie du monastère, nous allons acheter les célèbres pasteis de natta, petits flans déposés sur une pâte feuilletée et que l’on déguste saupoudrés de cannelle. Nous les achetons dans la pâtisserie qui les a inventé il y a bien longtemps. Il faut jouer des coudes pour en avoir mais cela valait vraiment la peine. Ils sont encore tout chauds quand nous les mangeons dans les jardins qui ceignent le monastère. Après cette pause, nous prenons le tramway jusqu’ à la Place du Commerce pour une dernière balade dans la rua Augusta, les derniers achats, les cartes postales à envoyer, etc.

Le soir, après quelques pérégrinations, nous échouons dans un petit restaurant presque vide proche de la rua Augusta et nommé Pessoa. L’homme qui nous y reçoit est assez âgé et il met un tel empressement à nous conseiller et à nous servir qu’il me touche. Le dîner est excellent et conclut ces quatre jours à Lisbonne d’une exquise manière.

Demain c’est le retour à Paris. C’est bien aussi.